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Animaux vivants

« Quand les autorités aéroportuaires de Miami ont demandé à un homme arrivant de Cuba de relever les jambes de ses pantalons, jamais ils ne s'attendaient à trouver 44 oiseaux scotchés à ses jambes! ». La lecture de cette manchette a de quoi surprendre; pourtant, il ne s'agit vraiment pas d'un événement isolé. Le marché des animaux de compagnie exotiques se chiffre en milliards de dollars dans le monde et les élevages en captivité ne suffisent pas à répondre à la demande. Résultat : des centaines de milliers de clandestins passent illégalement les frontières pour rejoindre les points de vente. Les contrebandiers rivalisent d'astuces pour faire passer leur marchandise à plumes, à poils ou à écailles sous le nez des douaniers. Pour ces immigrants illégaux, le voyage est cependant loin d'être une promenade de santé.

Une valise ouverte contient des vêtements sur lesquels repose un python royal.

Des centaines de milliers de perroquets et de passereaux de tous genres sont capturés chaque année pour être vendus en Asie, en Europe et en Amérique. Pour n'en nommer que quelques-uns, on compte l'amazone à tête jaune, l'ara ararauna, l'ara chloroptère, l'ara hyacinthe, le cacatoès des Moluques, le loriquet arc-en-ciel, le mainate religieux, le pinson de Java, le diamant de Gould et les pipits. Le choc initial de la capture terrasse bien souvent entre 10 et 20 % des volatiles. De ceux qui survivent à cette épreuve, près de la moitié meurent de faim, de soif ou d'asphyxie durant le pénible voyage qui les conduit à destination. On n'a pas droit à la première classe quand on voyage clandestinement! Même situation chez les reptiles, dont les mortalités avoisinent les 80 % suivant la première année de capture. De ces faits alarmants naît cependant un peu d'espoir : par exemple, en avril 2008, le Sénat mexicain adoptait un mandat visant à interdire toute capture et exportation des perroquets sauvages au pays. Une bonne nouvelle pour les 20 espèces sur 22 qui sont menacées à divers degrés au pays de la guacamole!

Adopter ou non un animal exotique comme compagnon est un choix personnel; dans bien des foyers, les iguanes, les cacatoès et les hérissons ont remplacé les chiens, les chats et les hamsters. Avant de prendre une telle décision, bien des facteurs doivent être considérés : d'abord, il peut s'agir d'une espèce menacée. Le commerce, qu'il soit légal ou illégal, affecte les populations sauvages. Ensuite, l'animal peut être potentiellement dangereux en raison de son comportement ou transmettre des maladies (par exemple la salmonellose) pour lesquelles nous n'avons peu ou pas de défenses. Il ne faut surtout pas oublier que les espèces exotiques ont des besoins particuliers auxquels il est parfois difficile de répondre : pas facile de transformer son salon en forêt tropicale ou en désert aride! Déraciné de son milieu, un animal pris en nature s'adapte souvent moins bien à la captivité qu'un animal provenant d'un élevage. Le stress lié à ses nouvelles conditions de vie entraîne souvent un manque d'appétit, des problèmes graves de santé et même la mort.

Un mainate religieux de profil est posé sur une branche d'arbre.Gros plan sur le tronc et la tête d'un ara bleu et jaune. Un iguane vert de profil tenu par une main.

Il est relativement facile de se procurer des espèces exotiques à tous les prix, particulièrement sur internet : un forfait trouvé en ligne offrait un tigre de quelques semaines et un manuel d'instructions pour près de 2 000 $! Une enquête intensive du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) a démontré qu'en une semaine seulement, plus de 9 000 animaux vivants et autres produits de la faune sauvage s'étaient retrouvés sur des sites de vente en ligne. On y a trouvé, entre autres, un gorille vivant en vente à Londres et quatre bébés chimpanzés sur un site américain. De nombreuses espèces se retrouvent bien malgré elles prises dans les filets du cyberespace.

Les chiens sont domestiqués depuis au moins 12 000 ans av. J.-C. et les chats, depuis plus de 2 000 ans av. J.-C. (7 000 ans av. J.-C. selon certaines études). Ils se sont parfaitement intégrés à leur mode de vie « civilisé ». Les animaux sauvages, même élevés au biberon, fonctionnent souvent difficilement dans un cadre aussi différent de leur milieu naturel. Petits, ils sont adorables; adultes, ils peuvent devenir imprévisibles et même agressifs.

Gros plan sur une jeune fille qui enlasse la tête d'un chien qui fixe l'objectif.

Et le Canada dans tout ça?

Au pays, chaque province et territoire de même que certaines municipalités possèdent leur propre réglementation en ce qui concerne la garde en captivité d'animaux indigènes et exotiques. Seules l'Ontario et la Colombie-Britannique n'exigent pas de permis pour garder des animaux exotiques (2008). Au Québec, les crocodiliens, les serpents et lézards venimeux, les tortues marines et les tortues à carapace molle sont absolument interdits de garde aux particuliers, mais autorisés pour les institutions qui détiennent un permis spécial (par exemple zoos, aquariums, centres de recherches). Il en va de même pour les grands félins et les primates. Étonnamment, c'est à l'échelle municipale que l'on rencontre souvent le plus de restrictions concernant la garde des animaux de compagnie exotiques. Toute municipalité a le pouvoir de réglementer sur ce point en prétextant l'atteinte à la sécurité ou à la santé publique. Par exemple, si la loi provinciale permet d'avoir chez soi un boa constricteur, le règlement de votre ville de résidence peut, lui, l'interdire.

Les règles sont encore moins permissives concernant les espèces indigènes : les provinces canadiennes gardent un œil jaloux sur leur faune locale. À quelques exceptions près, il est défendu de capturer, de garder ou de vendre une espèce animale indigène. En Alberta, par exemple, il n'est pas possible de garder chez soi une moufette ou un renard. Ces règlements se ressemblent d'une province à l'autre.

Deux tortues-molles à épines juvéniles, toutes les deux pincées par deux doigts au niveau de l'arrière de leur carapace.Un boa constricteur grimpe le long d'une branche.

Adopter un comportement responsable

Si l'on choisit d'opter malgré tout pour une espèce exotique comme animal de compagnie, il est préférable de bien peser le pour et le contre.

  • Bien s'informer.
    Quels sont les besoins en espace de mon animal? L'iguane vert mesure près de deux mètres à maturité! Combien de temps vit-il? L'ara peut vivre jusqu'à 80 ans! Qu'est-ce qu'il mange et à quelle fréquence? Les serpents mangent des souris ou des rats! Tolère-t-il bien les manipulations? Les scorpions et les mygales n'aiment pas les caresses! Quel est son cycle de vie? Le hérisson est nocturne. Avant d'ouvrir toute grande votre porte, sachez à qui vous avez à faire!
  • Ne pas acheter à l'aveuglette.
    Un commerçant ou un éleveur responsable est capable de vous aider à faire un choix éclairé entre les différentes espèces disponibles. Exigez que votre animal soit issu d'un élevage en captivité; en ce qui a trait aux reptiles, on estime que 70 % des individus sur le marché canadien proviendraient de tels programmes. Ces spécimens sont plus aptes à la survie en captivité, s'alimentent mieux, sont moins sensibles aux maladies et ont plus de chances de se reproduire que les spécimens prélevés directement de la nature.
  • S'assurer de prodiguer des soins adéquats.
    Que se passe-t-il si votre compagnon tombe malade? Tous les vétérinaires ne possèdent pas nécessairement la formation ni l'expérience requises pour soigner des animaux exotiques; les besoins d'un chat ou d'un chien sont différents de ceux d'un perroquet ou d'un boa! Ces soins spécialisés peuvent s'avérer extrêmement coûteux!
  • Une responsabilité à long terme.
    Adopter un animal de compagnie doit toujours être considéré comme un engagement à long terme; c'est une décision sérieuse. Si les circonstances nous poussent à nous départir de notre animal, l'option de le libérer dans la nature ne devrait JAMAIS être envisagée. Si plusieurs y laissent leur peau, victimes de la faim ou de la prédation, certains parviennent à survivre et deviennent des espèces envahissantes dans le milieu.

Le danger des zoonoses

La cohabitation avec n'importe quel animal exige des règles d'hygiène strictes. Autrement, nous risquons de devenir la nouvelle terre d'accueil d'une panoplie de virus et de bactéries. Les zoonoses sont les maladies et les infections transmises des animaux vertébrés aux humains, et vice-versa.

La salmonellose est la zoonose la plus fréquemment transmise par les reptiles; près de 90 % d'entre eux en captivité seraient porteurs de la bactérie responsable, mais ils n'en présenteraient aucun symptôme. Chez l'humain, l'infection se traduit par une gastro-entérite qui peut être potentiellement fatale. La transmission se produit lors d'un contact avec les déjections du reptile.

La transmission de la salmonellose des reptiles aux humains a été bien étudiée dans les années 1970 aux États-Unis. On avait alors observé une recrudescence du nombre de cas chez les jeunes enfants parallèlement à l'arrivée massive de tortues à oreilles rouges dans les foyers américains. Sur une période de 10 ans, près de 280 000 cas d'infection à la bactérie salmonella ont été répertoriés chez les moins de 10 ans possédant une petite tortue aquatique.

Les déjections d'oiseaux constituent également un formidable nid à bactéries! La psittacose, aussi appelée « maladie des perroquets », se transmet aux humains par contact avec les plumes ou les tissus infectés, ou par simple inhalation d'air contaminé. Les symptômes s'apparentent beaucoup à ceux de la grippe : fièvre, frissons, toux, manque d'appétit, nausée, diarrhée, maux de tête. Dans de rares cas, l'aggravation des symptômes a entraîné la mort.

Un hérisson pygmée d'Afrique, vu de profil sur un drap noir.Un python royal tenu entre les mains d'une femme.Gros plan sur la tête de profil d'un cacatoès des Molluques.Trois tortues à oreilles rouges reposent sur un billot, à la file indienne. Jeune fille tenant une perruche calopsitte à l'épaule.