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Gardez espoir

Une lueur d'espoir

Elles ont eu la vie difficile, elles ont payé cher les abus du braconnage ou la destruction de leur habitat. Mais aujourd'hui, grâce aux efforts conjoints de spécialistes, d'organismes concernés et de gens du public, leurs populations sont sur la voie du rétablissement. Voici quelques-unes des espèces dont le parcours difficile se transforme peu à peu en histoire à succès.

Au Canada

Le bison des forêts (Bison bison athabascae)

La conquête de l'Ouest a bien failli donner le coup de grâce à l'imposant bison des forêts : près de 168 000 bovins piétinaient le sol de l'Ouest canadien au début des années 1800. La chasse intensive, la maladie et la perte d'habitat, causée entre autres par les activités de foresterie, d'agriculture et l'exploitation pétrolière, ont fait chuter les populations à moins de 300 individus un siècle plus tard. Heureusement, la création d'aires protégées, comme le parc national du Canada Wood Buffalo (le plus grand du pays avec ses 44 807 km2) entre l'Alberta et les Territoires du Nord-Ouest, de même qu'une gestion rigoureuse des populations, a fait grimper le nombre d'individus à près de 11 000 têtes en 2008.

Un groupe de bisons demeurent immobiles dans une prairie.

Le faucon pèlerin (Falco peregrinus anatum)

L'animal le plus rapide au monde a foncé droit vers l'extinction dans les années 1970. L'utilisation massive de pesticides comme le DDT et certains polluants industriels ont eu pour conséquences de court-circuiter le cycle de reproduction de l'oiseau : stérilité, amincissement de la coquille des œufs, mort embryonnaire. Le Canada a réagi : au début des années 1970, le DDT a été interdit d'utilisation en Amérique du Nord. Un plan canadien de rétablissement a permis de relâcher pas moins de 1 500 oiseaux nés en captivité, dont près 250 au Québec seulement entre 1976 et 1994. Une trentaine de couples nichent aujourd'hui avec succès dans cette province, faisant passer son statut de menacé à vulnérable.

Faucon pèlerin de face, au sol, déchiquetant une proie entre ses serres.

La grue blanche d'Amérique (Grus americana)

Cette gracieuse demoiselle a frôlé l'extinction en 1941, alors qu'il ne restait plus que 22 grues blanches d'Amérique à l'état sauvage. À cette époque, les activités agricoles transformaient le paysage des prairies canadiennes : en Saskatchewan, 80 % du territoire était alors exploité par les fermes. Sensibles aux perturbations, les grues ont mal encaissé le choc et se sont fait littéralement expulser de leur aire de nidification. En 1966, un programme de rétablissement axé sur l'élevage en captivité a été mis sur pied par le Service canadien de la faune en collaboration avec l'U.S. Fish and Wildlife Service. De nos jours, on compte plus de 350 grues blanches d'Amérique dans la nature, essentiellement concentrées dans le parc national du Canada Wood Buffalo. Ce sont des résultats encourageants pour ce spectaculaire échassier.

Grue blanche d'Amérique de plein pied dans un marais, vue de profil.

La marmotte de l'île de Vancouver (Marmotta vancouverensis)

Cette espèce fait partie des cinq mammifères présents uniquement au Canada, et nulle part ailleurs dans le monde. Entre les années 1980 et 2000, la population de marmottes de l'île de Vancouver a diminué de près de 87 %, principalement en raison des opérations forestières sur l'île. Une équipe de rétablissement a été créée en 1988 afin de mettre sur pied un plan visant à assurer la survie à long terme de ce sympathique rongeur. En 2000, 36 marmottes ont été dénombrées. De nos jours, entre 150 à 200 individus sauvages se retrouvent sur l'île de Vancouver. Partenaires dans un effort concerté, les zoos de Calgary et de Toronto se partagent l'élevage de petites colonies en captivité; en 2008, 59 marmottes ont rejoint les rangs des survivantes dans la nature.

Gros plan sur une marmotte de l'île de Vancouver vue de profil.

Le putois d'Amérique (Mustela nigripes)

Adorable avec son masque de bandit, ce petit mammifère, cousin du furet, a bien failli n'être plus qu'un souvenir dans les livres d'images. On l'a crû complètement disparu en 1937, jusqu'à ce qu'un incident inusité le ramène dans l'actualité : en 1981, un chien de ferme du Montana est rentré un soir avec un putois dans la gueule, mettant au jour une petite colonie de survivants de près de 120 individus! Des efforts considérables ont suivi afin de protéger l'espèce, notamment des programmes de réintroduction en nature à partir d'élevages en captivité. Le 2 octobre 2009, le Canada a emboîté le pas avec la première réintroduction dans le parc national des Prairies (Saskatchewan) de spécimens issus du Zoo de Toronto. On estime la population actuelle de putois d'Amérique à près de 1 000 individus (2009).

Trois putois d'Amérique sortent la tête du même terrier et fixent l'objectif.

Le renard véloce (Vulpes velox)

De la taille d'un chat domestique, ce petit représentant de la famille des canidés n'a pas eu la vie facile! Éprouvé par la modification de l'écosystème des grandes prairies canadiennes au tournant du siècle, il a été la victime indirecte du piégeage et des campagnes d'empoisonnement menées contre le loup et le coyote. À la fin des années 1930, le renard véloce est disparu de nos contrées sauvages. Depuis 1983, des campagnes de réintroduction en nature visent à rétablir une population viable de renards véloces dans les provinces de l'Ouest. Des individus nés en captivité et des « immigrants » venus des États-Unis sont relâchés sur le territoire canadien. En 2006, on estimait que la population se maintenait aux alentours de 1 200 individus, dont près de 700 au Canada seulement.

Un renard véloce est assis sur son postérieur et fixe l'objectif.

Le chevalier cuivré (Moxostoma hubbsi)

Le chevalier cuivré est un poisson qui n'existe qu'au Québec : aucun spécimen n'a jamais été trouvé ailleurs dans le monde. Exposé à la dégradation et à la contamination de son milieu, cet habitant de nos rivières semblait avoir un avenir bien sombre. Au printemps 1999, le chevalier cuivré devient la première espèce faunique à recevoir un statut légal de protection au Québec. En 2002, un refuge faunique est créé aux rapides de Chambly sur la rivière Richelieu, et une passe migratoire est construite au canal de Saint-Ours afin que le poisson ait accès aux frayères. La population avoisinerait les quelques milliers d'individus, mais sa concentration en un seul endroit la rend vulnérable. La collaboration de la population est demandée afin de protéger cette espèce unique, notamment en évitant les baignades dans le secteur du refuge faunique.

Un chevalier cuivré sur le flanc, hors de l'eau.

Ailleurs dans le monde

L'alligator américain (Alligator mississippiensis)

Le corps couvert d'écailles, l'œil froid et la gueule antipathique : on a longtemps préféré l'alligator américain en sac à main plutôt qu'en chair et en os. Le grand reptile a été chassé à un point tel qu'on a craint que la population ne s'en remette jamais! En 1967, on désigne l'espèce en voie d'extinction. Des mesures législatives sévères, des suivis de population et des fermes efficaces d'élevage en captivité ont permis à l'alligator de faire un retour en force : en 1987, on statue que l'espèce s'est complètement rétablie et on compte aujourd'hui ces reptiles par millions dans le sud-est des États-Unis! La chasse et les transactions commerciales sont toujours scrutées par la loi, essentiellement en raison de la ressemblance de l'alligator américain avec d'autres espèces de crocodiliens qui sont toujours menacées d'extinction.

Un alligator américain repose sur la pelouse, face à l'objectif.

Le cheval de Przewalski (Equus ferus przewalskii)

Les steppes mongoles ont bien failli ne plus jamais entendre le martèlement des sabots des fiers chevaux de Przewalski : en 1969, cette espèce était officiellement disparue à l'état sauvage. Exterminés entre autres en raison de la compétition pour les pâturages avec le bétail domestique, les derniers chevaux sauvages ne pouvaient plus être admirés que dans des jardins zoologiques. En 1992, 16 individus ont été relâchés dans la nature, issus de programmes de reproduction en captivité. Les chevaux se sont reproduits avec succès dans leur nouvel environnement, au point où le statut de l'espèce est passé de « disparu dans la nature » à « menacé d'extinction » en 2005. Quelques 325 chevaux de Przewalski reprennent aujourd'hui possession de la Mongolie et du nord de la Chine, leurs terres ancestrales.

Une femelle cheval de Przewalski de profil est nez à nez avec son jeune poulain.

Le condor de Californie (Gymnogyps californianus)

Le sort de cet oiseau a longtemps été aussi fragile qu'une plume au vent. La chasse, la collecte des œufs et l'empoisonnement au plomb (lorsqu'il se nourrit des carcasses d'animaux atteints par les chasseurs) ont conduit le seigneur des hauteurs au bord de l'extinction. En 1981, il ne restait plus que 22 oiseaux en nature. En 1987, on a pris le pari risqué de capturer le dernier représentant sauvage de l'espèce afin de le joindre au programme de reproduction en captivité des zoos de San Diego et de Los Angeles. Des efforts patients et un acharnement sans relâche ont permis de renverser la vapeur et de faire grimper le nombre de condors. En 1992, les premiers individus élevés en captivité ont été relâchés dans la nature. En 2008, la population sauvage se chiffrait à 158 condors de Californie.

Gros plan sur la tête de profil d'un condor de Californie.

Le tamarin doré (Leontopithecus rosalia)

Aux dires de plusieurs, le tamarin doré est l'un des plus jolis primates au monde. Pas étonnant que de nombreux individus ont été capturés pour le marché des animaux de compagnie des environs de Rio de Janeiro. Mais la menace la plus tangible sur le petit singe est sans conteste la déforestation et la transformation de la forêt tropicale. D'ailleurs, les quelques 1 500 individus qui constituent la population actuelle vivent dans 17 forêts séparées! Heureusement, tout indique que les populations de tamarins dorés sont sur la voie du rétablissement, notamment grâce aux efforts de reproduction de quelques 150 institutions accréditées, dont le Biodôme de Montréal et le Zoo de Granby.

Gros plan sur un tamarin-lion doré perché dans un arbre qui fixe l'objectif.

Le crapaud à crête de Puerto Rico (Peltophryne lemur)

Petit et fragile, le crapaud à crête de Puerto Rico est au cœur des efforts de conservation de 20 zoos et aquariums de l'Amérique du Nord. Jusqu'à présent, près de 119 000 têtards ont été introduits dans la nature sur une période de 20 ans, donnant un coup de pouce aux populations malmenées : l'arrivée sur l'île de prédateurs opportunistes, comme le rat ou la mangouste, de même que la destruction des sites de ponte ont fait craindre le pire pour cet amphibien. Des études récentes ont démontré que certains adultes sont retournés aux endroits où ils ont été relâchés afin d'y pondre leurs œufs. Une note encourageante pour ceux qui se battent pour la survie de cette espèce, comme le Zoo de Toronto.

Crapaud à crête de Puerto Rico immobile dans un terrarium fait de copeaux de bois, de pierres et de plantes vertes.