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Vêtements et ornements

L'utilisation des peaux et de la fourrure existe depuis que les humains portent des vêtements. Nos premiers ancêtres chassaient les animaux pour consommer leur chair, les os servaient à la fabrication d'outils et la fourrure, à les protéger du froid. Du fruit de leur chasse dépendait leur survie. L'objectif derrière le commerce moderne de la peau a bien changé depuis. La fourrure et les cuirs sont rapidement devenus une manière d'afficher sa position sociale ou économique, de faire valoir une forme quelconque de réussite. De nos jours, ce commerce de la parure et de la coquetterie pourrait bien porter un coup fatal à de nombreuses espèces animales, notamment les grands félins, qui sont littéralement en train d'y laisser leur peau.

Une dame portant un manteau de fourrure et un bonnet regarde la caméra.

Un pays bâti sur de la fourrure

Notre pays doit une fière chandelle à son animal emblème : le castor du Canada. Dès la naissance de la Nouvelle-France, le commerce du pelage de ce rongeur est au cœur de l'économie de la nation. La fourrure est très en vogue en Europe : on porte des chapeaux en peau de castor et on coud des pièces de fourrure à ses vêtements. Pour leur part, les Amérindiens sont disposés à échanger des pièces de fourrure contre des objets divers (couteaux, fusils, marmites de fer, miroirs); ainsi naît la traite de la fourrure. Au début des années 1800, pour fournir à la demande, les explorateurs s'aventurent toujours plus loin; cette quête incessante des plus belles peaux a stimulé l'exploration du territoire et permis de cartographier les rivières et autres cours d'eau.

Canot ancestral déposé sur la terre ferme et chargé de fourrures et d'équipement de trappage.

Au début des années 1800, la traite des fourrures commence à s'essouffler : un autre rongeur, le ragondin, est découvert en Amérique du Sud. Sa fourrure est de qualité équivalente à celle du castor et est beaucoup moins chère. De plus, en Europe, les couvre-chefs en poils ont maintenant fait place aux chapeaux de soie, comme les hauts-de-forme. À la fin des années 1800, la traite des fourrures n'est plus l'industrie florissante qu'elle a été.

Un ragondin vu de profil grignotte la pelouse.

De nos jours, on estime qu'il y aurait plus de castors qu'à l'époque de Jacques Cartier! Au Canada, environ 20 espèces d'animaux sont visées par les activités de piégeage, mais aucune ne figure sur la liste des espèces menacées d'extinction. L'activité est réglementée et contrôlée. En fait, 85 % des animaux à fourrure piégés proviennent, entre autres, de ces 4 espèces abondantes : le castor, le rat musqué, le raton laveur et la martre d'Amérique. Près de la moitié des trappeurs sont d'origine autochtone. L'industrie de la fourrure se porte bien, avec un apport de plus de 800 millions de dollars par année à l'économie canadienne; près de 60 % de ses fourrures sont exportées à l'étranger. Des fermes d'élevage sous contrôle strict fournissent également le marché, notamment en peaux de vison d'Amérique et de renard. Le Québec compte 125 des 150 manufacturiers au pays.

Un vison d'Amérique de profil sur le sol d'un couvert forestier.

Les félins dans le pétrin

Si le Canada semble bien gérer son industrie de la fourrure, il n'en va pas de même ailleurs dans le monde. Certaines espèces exotiques plus rares ont suscité la convoitise plus que d'autres : leur survie est désormais menacée. C'est le cas notamment de nombreux félins dont les taches et les rayures sont très prisées dans certaines régions du globe. C'est dans les années 1960 que s'est développé un véritable engouement pour les peaux de félin. On estime que le commerce avoisinait alors les 30 millions de dollars américains annuellement. Le commerce des grands félins est aujourd'hui réglementé par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), de même que par les lois intérieures des contrées où ils habitent. Mais l'appât du gain étant alléchant, certains trouvent le moyen de contourner les lois et d'alimenter un marché noir bien actif. Aux yeux d'un braconnier, le jeu en vaut la chandelle : par exemple, quelques privilégiés n'hésitent pas à débourser jusqu'à 60 000 $ pour un manteau de léopard des neiges arborant son pelage hivernal. Mais quand on sait qu'il faut compter entre 6 et 12 animaux pour la confection d'une telle parure, on comprend alors que la population actuelle de léopards des neiges, qui se chiffre entre 3 500 et 7 000 individus, voit son avenir d'un bien mauvais œil. Le tigre, l'ocelot et le léopard de l'Amour, considéré comme le grand félin le plus menacé de la planète, ont aussi de plus en plus de difficulté à garder leur fourrure sur le dos.

Il est vrai que nous faisons face aujourd'hui à des froids aussi mordants, à des vents aussi violents et à des pluies aussi torrentielles qu'à l'époque de nos ancêtres. Nous avons cependant une arme pour nous protéger qu'eux n'avaient pas : la fibre synthétique! Des tissus de plus en plus performants offrent une alternative plus que satisfaisante aux fibres d'origine animale et remplissent très bien leur rôle : celui de nous protéger contre vents et marées!

Objets fabriqués en peau de félin et de zèbre: sous-verres, valise, porte-monnaie, appui-livre, lampe, fourrure entière de léopard et de zèbre. Gros plan sur la tête d'un ocelot qui fait face à l'objectif.Un léopard des neiges, vu de face.

Changer de peau

Bottes, souliers, ceintures, vestons, manteaux, sacs à main, chapeaux, porte-monnaie : la liste des produits confectionnés à partir de peaux de reptiles est longue et diversifiée. Les crocodiles et les serpents sont la hantise de beaucoup de gens, mais une fois morts, ils deviennent tout à coup source de convoitise! Et une majorité de ces reptiles sont toujours capturés en nature : on a estimé en 2004 que 73 % des peaux du marché mondial provenaient de la nature, alors que seulement 27 % des peaux provenaient de sites d'élevage. Aux États-Unis seulement, entre les années 2000 et 2005, près de 3,4 millions de peaux de lézard, 2,9 millions de peaux de crocodilien et 3,4 millions de peaux de serpent sont entrées au pays, légalement ou illégalement. En 2008, 67 espèces de reptile étaient interdites de commerce, alors que 508 espèces étaient permises dans un marché réglementé. Le commerce de certaines espèces est donc autorisé sous conditions; l'ennuie, c'est qu'à l'exception des grands pythons et de quelques espèces de crocodilien (notamment l'alligator américain), il existe peu d'exploitations d'élevage en captivité. Les méthodes de collecte d'individus en nature se font sans égard pour la survie à long terme de ces espèces. Les reptiles sont passés à travers de plus de 200 millions d'années d'évolution et de cataclysmes; sauront-ils survivre au raz-de-marée de la mode?

Objets fabriqués à partir de pièces anatomiques de serpents: peau de python, veston, sacs à main, portes-monnaie, ceinture.Huit peaux de serpent suspendues à une corde pour sécher.Chaussures en peau de crocodilien et caïman naturalisé.

Douceur recherchée

Certaines fourrures sont si douces et si soyeuses qu'on a l'impression d'effleurer un nuage du bout des doigts. Pas étonnant que plusieurs paient le prix fort pour s'envelopper de tant de douceur! Mais en bout de ligne, ce sont ces petits animaux au pelage duveteux qui risquent d'écoper d'une facture salée!

Le chinchilla est un petit rongeur d'Amérique du Sud dont le pelage est considéré comme l'un des plus doux au monde. Abondants en animalerie (ces individus proviennent d'élevages en captivité), on a peine à croire que ces petites bêtes sont menacées d'extinction en nature et protégées par les lois les plus strictes. Le déclin spectaculaire des populations est survenu vers la fin du 19e siècle, à la suite d'une traite intensive des fourrures; on estime qu'environ 2 millions de fourrures ont été exportées entre 1895 et 1900. En 1981, un manteau de chinchilla sauvage s'est vendu 49 000 $ US au Japon! Le chinchilla subsiste à l'état sauvage dans quelques régions de son aire de répartition d'origine (hautes Andes du Chili). Les nombreuses fermes d'élevage, notamment dans le sud des États-Unis, permettent aux populations sauvages de souffler un peu.

Un chinchilla sur un tissus noir, vu de profil.

La laine de shahtoosh a la réputation d'être la plus fine et la plus précieuse au monde. Elle est produite à partir de la toison de l'antilope du Tibet, qu'il faut abattre afin de prélever le précieux matériel. En 50 ans, les populations d'antilopes sont passées de plus de 1 million d'individus à moins de 75 000. Le commerce international de laine de shahtoosh est interdit depuis 1979 et l'espèce est protégée dans son pays d'origine. Tous les espoirs sont permis pour un rétablissement des populations. Fait à noter : l'antilope du Tibet était l'une des mascottes des Jeux olympiques de Pékin (2008).

Amende pour importation illégale de peaux

La Cour de justice de l'Ontario a reconnu coupable un homme de Toronto d'avoir importé illégalement deux fourrures de léopard et une peau de python de Seba depuis la République démocratique du Congo. Les produits ont été découverts par les agents des postes frontaliers à l'aéroport international Lester B. Pearson de Toronto. Les peaux avaient été emballées dans des sacs à ordures et placées à proximité d'aliments, notamment du poisson fumée et des légumes. Le responsable a été condamné à payer 6 135 $ d'amende.

Buckingham palace change de chapeau

Ils sont la parure indissociable des soldats à l'air impassible et ont été photographiés par des millions de touristes. Perchés sur la tête du régiment de la garde de Buckingham Palace depuis près de 200 ans, les chapeaux en peau d'ours noir d'Amérique ne seront bientôt plus qu'un souvenir.

Le ministre de la Défense se range du côté des activistes qui prônaient que la notion de tradition ne justifiait pas l'utilisation de fourrure naturelle dans la confection de ces parures. Durant les 5 dernières années, la Défense a dépensé près de 500 000 $ en fourrure d'ours noir; entre 50 et 100 couvre-chefs sont nécessaires chaque année et la confection d'un seul chapeau requiert une peau complète.

Des stylistes britanniques, dont Stella McCartney, sont chargés de revoir l'uniforme des soldats de la garde.

Vue du profil des chapeaux en peau d'ours noir de quatre soldats du régiment de la garde de Buckingham Palace.