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Commerce excessif

L'exploitation commerciale de la faune

L'être humain et l'animal : deux entités que tout semble séparer mais dont le destin est étroitement lié depuis le début de l'histoire de l'humanité. Pour assurer leur survie dans un monde alors hostile, les premiers humains ont rapidement entrepris d'exploiter les ressources fauniques : ils ont chassé les animaux pour consommer leur chair, leurs os servant à la fabrication d'outils et leur fourrure, à se protéger du froid. Tant et aussi longtemps que cette exploitation a été liée à la subsistance, les impacts sur les différentes populations animales restaient minimes, voire négligeables.

Mais voilà, le compteur s'est emballé : la population humaine connaît une croissance fulgurante depuis les deux derniers siècles. Résultat : plus de 7 milliards de personnes pigent désormais dans les ressources naturelles pour satisfaire des besoins de plus en plus exigeants. À l'exception de quelques communautés qui pratiquent toujours de manière ancestrale la chasse de subsistance, les nouveaux exploitants de la faune visent un objectif bien différent de celui de nos ancêtres : le profit! Le commerce des espèces animales s'est transformé en véritable mine d'or et menace aujourd'hui la biodiversité mondiale.

La surexploitation des ressources fauniques se présente sous deux formes : dans le premier cas, lorsqu'une espèce est chassée ou pêchée de manière incontrôlée et que les prises, trop nombreuses, font diminuer drastiquement les populations, on dit qu'il y a « prélèvement excessif ». C'est souvent ce genre de situation qui alerte l'opinion publique et suscite l'instauration de lois et de règlements visant à protéger l'espèce concernée. Dans le second cas, lorsqu'une espèce est chassée ou pêchée illégalement, c'est-à-dire en dehors des balises imposées par les lois et les règlements qui la protègent, on dit qu'il y a « braconnage » : chasser sans permis, chasser en dehors de la saison autorisée, chasser par des moyens illégaux ou sur un terrain privé sans autorisation sont autant d'activités de braconnage. Le prélèvement excessif et le braconnage sont les conséquences directes de l'appétit féroce pour les produits de la faune à travers le monde. Saviez-vous que le trafic de la faune serait le commerce illégal le plus lucratif après celui de la drogue et des armes?

Amas de poissons reposant sur un filet de pêche.

Du fond des océans au sommet des montagnes, aucun milieu n'est épargné et toutes les espèces animales sont susceptibles d'entrer dans ce vaste commerce. Certaines espèces permettent de fabriquer des souvenirs et des trophées qui sont vendus aux touristes; on n'a qu'à penser à l'ivoire des éléphants, aux délicats coraux et aux écailles de tortue avec lesquels on fabrique des bibelots, parures et bijoux. D'autres espèces servent à la confection de pièces vestimentaires, comme les fourrures de léopard, de chinchilla ou d'antilope du Tibet. De nombreuses espèces sont utilisées en totalité ou en partie dans la fabrication de médicaments de la médecine traditionnelle asiatique, dont les racines puisent dans plus de 3 000 ans d'histoire. Plusieurs terminent tout simplement au fond d'une assiette, que ce soit pour satisfaire le palais délicat de consommateurs exigeants ou pour assurer la subsistance de villages entiers. Finalement, des oiseaux multicolores, des reptiles de toutes sortes et des primates petits et grands sont capturés vivants et envoyés aux quatre coins de la planète pour être vendus aux cirques ou pour rejoindre des collections privées.

Sac-à-main, portefeuille, ceinture en peau de serpent et peau entière de python.Dague, bracelets, colliers, sculptures, couteau de poche, brosses à dents, ustensiles et coupe-papier en ivoire.

Ces activités liées au commerce ont toutes un point en commun : un effet direct et dévastateur sur plusieurs populations animales, notamment des espèces actuellement menacées d'extinction. Même internet s'est fait le malheureux allié de l'exploitation commerciale en multipliant et en facilitant par un simple clic les transactions illicites. La population humaine est en croissance, ses besoins et ses exigences s'intensifient, les forêts et les océans se vident : le patrimoine faunique mondial lance un cri d'alarme. Au cours des 50 dernières années, la surpêche a fait chuter de 90 % les stocks de tous les grands poissons des océans (thon, espadon, marlin), la population d'éléphants d'Afrique est passée de plus de 3 millions à près de 500 000 et quelques 340 espèces de reptile sont entrés dans la liste des espèces menacées. Des mesures drastiques doivent être prises afin de permettre aux populations des espèces touchées de se rétablir. Il faut entre autres offrir des solutions de rechange aux populations humaines qui vivent des activités de braconnage ou qui exploitent d'une manière ou d'une autre les ressources fauniques. Alors peut-être pourrons-nous espérer léguer aux générations futures le plaisir de voir un éléphant ou un tigre autrement que dans des livres d'images.

Image sous-marine d'un banc de thons vus de profil.Troupeau d'éléphants s'abreuvant dans un point d'eau.

Au Canada, la faune indigène semble, à première vue, épargnée par le raz-de-marée du commerce illicite. Il est vrai que des lois provinciales et fédérales strictes viennent encadrer la gestion de notre faune : la chasse et la pêche sportives, pratiquées par près de 7 millions de Canadiens, sont rigoureusement surveillées et autorisées à la suite de l'obtention de permis. Par contre, des saisies spectaculaires de viande font les manchettes chaque année dans notre beau pays et l'ours noir d'Amérique est la nouvelle cible des braconniers. Sa panse renferme une vésicule biliaire qui vaut son pesant d'or sur le marché noir international de la médecine traditionnelle asiatique.

Les amendes imposées aux braconniers sont importantes, mais elles représentent une fraction seulement de ce que leur rapporte une cargaison illégale. À titre d'exemple, cinq individus de Terre-Neuve se sont vu imposer des amendes de 1 000 à 3 500 $ pour avoir capturé des saumons en dehors de la saison de la pêche. Aussi, un individu a vu ses prises de la journée saisies et s'est fait imposer une amende de 3 441 $ pour avoir pêché illégalement des homards et avoir conservé des prises de taille inférieure à la taille légale autorisée. Si les autorités ont à l'œil les gros braconniers, il est du devoir de chaque citoyen d'adopter une attitude responsable dans ses pratiques de la chasse et de la pêche afin de préserver notre patrimoine faunique unique au monde.

Un chasseur à l'arc en habit de camouflage se tient prêt à décocher du haut de sa plateforme, dans un arbre.